APPEL A Articles LES RÉCITS TESTIMONIAUX COMME DISCOURS DE RÉSISTANCE
Comprenant la résistance comme la capacité à questionner, contester ou s'opposer à certains gestes ou discours perçus comme oppressifs ou injustes, ce dossier vise à réunir des chercheurs dont les travaux portent sur des récits dans différents domaines (littéraire, médiatique, politique, juridique, etc.), genres discursifs variés (témoignages, récits de vie, autres genres (auto)biographiques, romans, bandes dessinées, etc.) et différents supports (textes oraux et écrits, iconiques, audiovisuels, etc.) - qui peuvent avoir le statut de (contre-)discours de la résistance. En ce sens, la narration, en tant que mode d'organisation du discours, entretient un rapport privilégié à la dimension temporelle et à l'action humaine, tout en impliquant une tension entre (effets de) réalité et (effets de) fiction (Delory-Momberger 2016 ; Charaudeau 2019). On suppose que ces textes peuvent être plus ou moins traversés par un biais testimonial, impliquant ainsi un sujet qui retrouve, dans le présent de l'énonciation, les marques d'un épisode passé qu'il a vécu ou dont il a été témoin, se plaçant comme garant de ce qui est dit. Dans la mesure où ces énoncés agissent comme des « mémoires souterraines » (Pollak, 1989), ils contribuent à déstabiliser et à remettre en cause la mémoire officielle, et peuvent contrecarrer le négationnisme (oubli/effacement du passé), le silence, l'invisibilité sociale et les stéréotypes attribués à certains groupes en situation de vulnérabilité.
Pour cette publication, nous accueillons donc des articles en français, portugais, anglais ou espagnol qui développent, à partir d'approches théoriques et méthodologiques de nature discursive, des réflexions et/ou des analyses sur les récits testimoniaux, considérés comme une possibilité d'échapper au « lieu de l'altérité » (Seligmann-Silva, 202023) basé sur une « désorganisation du discours » (Orlandi, 2004), dans lequel les sujets résistent aux « cadrages » (Pollak, 1989) qui leur sont imposés par le discours hégémonique actuel. Trois axes, parmi d'autres, sont possibles et ne s'excluent pas mutuellement :
1) analyser des textes verbaux, non verbaux ou syncrétiques (multimodaux) mis en scène par des sujets dans différents contextes, tels que les survivants de la Shoah et d'autres génocides, les victimes des dictatures latino-américaines, les sans-abri, les migrants, les peuples autochtones, les membres de la communauté LGBTQIAP+, entre autres ;
2) réfléchir sur les aspects linguistiques, idéologiques, sociaux et/ou psychanalytiques qui permettent d'identifier et de décrire la (les) forme(s) de résistance de ces (contre)discours, ainsi que leurs effets de sens ;
3) appréhender l'ethos de « l'énonciateur/narrateur résistant », compte tenu de son rôle fondamental de « garant du discours » (Amossy, 2004).
Coordonné par : Glaucia Muniz Proença Lara (Université Fédérale de Minas Gerais – UFMG/CNPq), Luciano Magnoni Tocaia (Université Fédérale de Minas Gerais -UFMG) et Alejandra Vitale (Université de Buenos Aires – UBA).
