Baudelaire-Paris, création d’une mythologie sensible et fantasmagorique

Abstract

Cet article analyse la manière dont la poésie de Baudelaire construit le mythe de Paris au milieu du XIXe siècle à partir de la matière du monde moderne.

L'idéalisme baudelairien n'étant pas compatible avec la société industrielle et positiviste du second Empire, Baudelaire, particulièrement dans le Spleen de Paris, recompose l’unité en tissant de nouvelles relations entre l’homme et le monde qui subliment ainsi la modernité.

Dans un premier temps, nous analyserons la construction du mythe de Paris à partir du tableau réel désenchanté qu’en fait Baudelaire. Puis nous porterons notre regard sur les métamorphoses opérées par le poète sur l’espace urbain. A la désagrégation de la ville programmée par Haussmann, Baudelaire oppose des paysages intérieurs indéfiniment recomposés par l’imagination et le souvenir et situés par le jeu des correspondances dans une cosmologie mystique. Cette ville recomposée est aussi le théâtre d’une scénographie fantasmagorique. La capitale est un cabaret des monstres, lieux de leurs espoirs et de leurs désillusions. La ville devient leur enveloppe protectrice, comme elle protège le lecteur du laid de la vie. Paris prend l’allure d’une Chimère, au sens mythologique, mais elle acquiert aussi une épaisseur psychologique et poétique nouvelle. Ce sera le troisième temps de notre étude.

Enfin, nous évoquerons l’importance d’un sentir réceptif. Au cœur de cette grande aventure urbaine, le lecteur a sa place. Il participe à la construction de ce mythe vivant par une lecture active et émotionnelle, offrant ainsi à la Capitale une dimension à la fois individuelle, subjective et universelle.